Une âme en peine... [libre]

Telle une ombre, une jeune chatte tricolore filait sur les toits des vieilles maisons abandonnées. Rapide et silencieuse, elle trottinait doucement, sans se faire remarquée. Puis, au bout d'un moment, elle s'assit sur le toit d'une maison en ruine, observant les rues sombre. Puis, elle leva la tête et regarda les millions d'étoiles qui brillaient au dessus de sa tête. Le ciel noir s’étendait à l'infini ; c'était magnifique. Orage aimait la nuit, le moment où les ténèbres envoutent les rues du petit village isolé. Une larme coula sur sa joue ; elle repensait, comme souvent, à ses petits perdus.

Jamais une ombre ne se déplaçait seul dans cette obscurité infinie, des fois, quand le ciel montrait ses plus ténébreux nuages, on avait l'impression que jamais la nuit ne s'achevait sur ce petit village déserté. Mais c'était bel et bien la nuit et seul quelques lampadaires illuminaient encore les ruelles silencieuses. Le ciel était dégagé, les étoiles visibles, rassemblées autour de la lumière protectrice de la lune, c'était tel un soir de printemps. Cette ombre, elle se faufilait sur les toits, son vaste territoire mais elle repéra très vite une odeur qui n'aurait jamais du franchir son terrain de chasse. En effet, Spirit avait flairé l'odeur d'une chatte, une chatte qu'elle ne connaissait pas mais cela avait peu d'importance puisque cette dernière était sur les toits, les toits...le domaine de Spirit et territoriale comme elle était, elle n'apprécia pas du tout la venue de cette "étrangère".

Spirit pista l'odeur de la femelle, filant comme un fantome de toit en toit, de maison en maison et finalement, elle l'aperçu, cette silhouette féline assise sur le toit d'une maison en ruine. Aussitôt, Spirit hérissa légérement le poils et s'avança vers elle à pas furtif, ses pupilles dilatées par la pénombre fixait la femelle immobile qui observait le ciel, il était temps de faire comprendre à cette dernière qu'elle se trouvait sur un terrain déjà occupé. Spirit passa derrière la chatte tricolore, comme elle ? Non, elle avait beaucoup plus de blanc, c'était une tricolore, Spirit était écaille de tortue, nuance.

Spirit émit un grondement sourd pour dévoiler sa présence à l'inconnu, le poils toujours hérissé, les oreilles droites vers la femelle, sa queue s'agitait dangereusement, qui était donc cette étrangère ? Elle avait l'odeur du village, elle devait y vivre comme beaucoup d'autre mais ici, c'était défense d'entrer sans bonne raison. Spirit se montrer menaçante et savait faire valoir sa force, pour le moment, elle ne se montrait pas violente, pas encore, mais laissait libre l'expression de son agressivité.

La chatte tricolore avait sentit l'autre femelle arriver, mais elle ne c'était pas retournée, pensant que celle-ci allait passer son chemin. Et bien elle c'était trompée, car la nouvelle venue poussa un long grognement. Orge sécha rapidement les quelques larmes qui coulaient sur sa joue -elle ne voulait pas paraitre faible- , puis elle se retourna pour faire face à la femelle. Elle ne voulait ni se battre, ni se disputer, donc elle ne protestera pas si la féline écaille de tortue lui demandait de partir. Comme souvent, la tricolore n'était pas d'humeur à se battre.

La jeune chatte observa quelques instants la femelle ; celle-ci était assez grande et fine, son pelage était court et ressemblait vaguement à celui d'Orage, ses yeux étaient d'une belle couleur orangés. Elle semblait avoir à peu près un an de plus que la tricolore. Une chatte tout à fait normale.
La jeune gouttière se leva calmement et regarda la féline dans les yeux. Son regard ne transmettait aucune agressivité, au contraire. Seulement une profonde tristesse, qui était ancrée dans les yeux de la gouttière depuis longtemps.

L'autre chatte s'approcha doucement d'Orage, mais ses gestes étaient tendus et raides. Orage ne bougeait pas d'un poil, elle n'avait ni peur de cette chatte, ni envie de provoquer une bagarre.

- Toi, qui es tu ?

La féline avait dit ça d'une voix ferme et dure, mais cela n'impressionnait guère notre Orage. Celle-ci mit un peu de temps avant de répondre, d'une voix calme et posée :

- Orage, gouttière. Et toi ?

Orage en avait la certitude, cette chatte n'était pas "normale". Elle était surement un de ces onze félins ayant échappés aux tortures des humains, et ayant causés la désertion du village. En fait, c'était mieux comme ça. Sans les humains, les chats sont devenus rois.

La femelle écaille de tortue s'approchait de plus en plus d'Orage. Celle-i ne bougeait pas, nullement impressionnée. Sur le même ton sec que la première fois, elle lui répondit :

- Mon nom est Spirit et les toits sont mon domaine.

Spirit... Esprit, dans une certaine langue humaine. La tricolore le savait ; elle avait déjà entendu des humains le dire. Ses anciens maîtres. Une pointe de tristesse refit surface, mais elle ne laissa rien paraitre. Elle ne bougea toujours pas et lui dit :

- Et bien je pense que ton domaine est assez vaste pour me laisser une petite partie.

Toujours sans aucune agressivité ni aucune arrogance, c'était juste une suggestion que faisait la jeune gouttière tricolore. Après tout, il y avait bien de la place pour deux félines sur ces toits.

- Je ne t'ai jamais vu dans le coin mais tu es du village n'est ce pas ?

La femelle écaille de tortue voulait faire passer un interrogatoire à la tricolore ? Ne cherchant pas les embrouilles, Orage y répondra, dans la mesure du possible. Tant que les questions n'étaient pas trop indiscrètes, elle ne voyait pas d'inconvénients à répondre franchement.

- C'est bien ça. Je me fais discrète pour éviter les chats trop agressifs. Et toi ?

Orage planta encore une fois ses iris vertes dans ceux orangées de la chatte écaille de tortue. Maintenant, elle en était sûre, c'était bien un féline transgénique... Elle respectait beaucoup ses félins, qui avaient survécus aux pires tortures imaginées par ces monstres.

- Moi de même, j'habite ces lieux depuis toujours.

Cette fois, la chatte écaille de tortue avait été moins agressive, on ne sait pourquoi. Cela dit, ce soudain changement ne dérangeait absolument pas Orage, au contraire. Elle aimait pouvoir parler en tant que félin disciplinés. Une question lui titillait la langue, devait-elle la poser ou garder ses interrogations pour elle ?
Finalement, la jeune chatte était trop curieuse, elle ne put s’empêcher de lui poser la question.

- Tu es un de ces félins transgénique qui nous a débarrassés des humains je présume.

Bon, sa phrase n'avait as vraiment la tournure d'une question, mais Orage avait sa façon de parler bien à elle, et ce n'était pas prêt de changer.

Orage s'y était attendue, la chatte écaille de tortue était redevenue lus agressive. C'était compréhensible ; son passé ne devait pas être fait que de bons souvenirs. Mais la grande curiosité de la chatte colorée n'aurait pas put attendre plus longtemps.

- Aurais-tu quelque chose contre nous ?

La jeune gouttière allait tenter de rattraper son coup car là, c'était mal parti pour avoir une relation quelque peu amicale avec la féline transgénique. Elle avait touchée un sujet qui fache, et il fallait qu'elle se rattrape.

- Non, au contraire. Je vous admire ; vous avez réussit à survivre à la barbarie des humains et à vous venger en beauté.

Orage était tout ce qu'il y a de plus sincère ; Pour elle, la vengeance est une chose d'obligatoire, et plus la engeance est grande et spectaculaire, mieux c'est. Elle avait un grands respect pour ces onze chats connus de tous.

- Heureusement que leur atrocité ont tout de même un avantage, ces créatures débiles ont provoqué leur propre perte, ce n'est pas plus mal.

Oui, selon les deux chattes, les humains sont vraiment des créatures... Ignobles, sales, nuisibles, inutiles, débiles, trop sûrs d'eux,... Il y aurait tant de choses à dire sur eux, tant d'adjectifs qui les décrivent si bien.

- Heureusement qu'ils sont partis. De toute façon, ils ne servaient à rien. Maintenant qu'ils ne sont plus là, les chats ont enfin le contrôle absolu sur le village.

Orage avait souvent pensée que maintenant, avec ces onze chats quasiment indestructibles, les félins pourrait prendre le contrôle de la planète. mais cette idée restera au stade de rêve, car, bien qu'ils soit idiots, les humains avaient des armes puissantes. Mais le village n'était pas vraiment suffisant, car certains chats étaient très territoriales. Orage avait fait la connaissance de l'un d'eux...

- Et le premier qui se pointe ici, nous l'attendons de pied ferme...

Sa voix était devenue froide, menaçante, grave. Orage ne put s’empêcher de sourire à ces mots. Elle, qui d'habitude n'était pas sadique, avait une profonde envie de se venger des humains. Car pour elle, si elle a perdue ses chatons, c'était de leur faute. Donc oui, son envie de vengeance était personnelle, mais elle n'en avait rien à faire.
Elle se leva et alla s'asseoir à quelques mètre de la féline colorée.

- Je serais là. Le premier humain que je verrais souffrira.

Oui, même si Orage n'étais pas une transgénique, elle était redoutable et elle n'avait pas froid aux yeux. Elle savait se battre, et faire souffrir un humain ne devait pas être trop difficile.

- C'est bien alors. De toute façon, il est normal de protégé ce village de toute présence humaine, c'est notre territoire ou plutôt, notre domaine.

Orage était bien d'accord. Maintenant, les chats régnaient. Les humains n'avaient plus aucuns pouvoirs sur le village. Mais la jeune chatte était ambitieuse ; elle en voulait plus, toujours plus. Un petit village paumé ne lui suffisait pas.

- Je pense que si l'on s'associe tous, nous pourrions nous créer un plus grand domaine. Nous pourrions contrôler plus de terres.

Orage était jeune, elle avait la vie devant elle et elle était pleine d'espoirs. Peut-être était-elle un peu trop ambitieuse ? Non, c'est simplement son jeune âge qui faisait ça. Car oui, à son âge, on a encore des rêves plein la tête.

- J'ai d'autres ambitions en tête...

Voilà qui avait piqué la curiosité de la féline tricolore. Elle voulait en savoir plus, bien évidement, mais quelque chose lui disait que la chatte transgénique n'était pas prête à lui dévoiler ses projets futurs. Orage aussi, en avait aussi, des projets. Elle comptait se créer une sorte de clan, dot elle serait la cheffe, bien évidement. Pour l'instant, ce projet restait à l'état de rêve, mais elle en était sûre ; elle y arriverait.

- Moi aussi, j'ai d'autres ambitions...

Un grand oiseau sombre passa juste après les paroles de la jeune féline. Était-ce un signe ? Orage 'y croyait pas, elle n'était pas superstitieuse. Le corbeau poussa un croassement lugubre, puis ce fut le silence total. La chatte tricolore ferma les yeux pour mieux profiter de cette tranquillité ; tranquillité qu'elle était venue chercher à la base. Puis, après quelques minutes, elle se leva et dit :

- Désolé mais je dois y aller. J’espère que l'on se reverra.

Puis, sans laisser le temps à l'autre féline de dire quoi que se soit, Orage s'élança sur les toits, puis se fondit, telle u ombre, dans la noirceur de la nuit.

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Finit pour moi